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FSF « Vous avez dit oiseaux de mauvais augure » Chrono par Hubert Mbengue

Pour avoir déclaré, sans doute porté par l’euphorie de la victoire et les quatre longues années qui s’étalaient devant lui, que le mandat qu’il entamait le samedi 12 août 2017, jour de la précédente AG élective de la Fédération sénégalaise de football (FSF), allait être son dernier, Me Augustin Senghor se trouvait clairement dans la difficile posture de devoir se dédire (le waax waaxett qu’abhorrent les Sénégalais) si d’aventure il souhaitait rester aux commandes du football national. Alors la parade allait être de faire porter sa candidature par «les acteurs du foot» avec à la manœuvre Abdoulaye Saydou Sow, président de la Ligue de football amateur (LFA) et non moins ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique.

Au bout de moult rencontres et conciliabules, le fameux consensus va rallier à sa cause Louis Lamotte et Mbaye Diouf Dia, les deux challengers d’Augustin Senghor lors de l’AG élective de 2017, mais aussi le 1er vice-président de la FSF, Saër Seck, qui venait de démissionner de son poste de président de la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP) et s’apprêtait vraisemblablement à prendre les rênes de la faitière du foot, après 8 longues années dans la posture de second attitré et loyal du président Augustin Senghor. La suite, on la connaît : le boss de l’institut Diambars va, comme son homologue de l’académie Génération Foot, le candidat Mady Touré, se mettre en marge de ce consensus.

Qu’à cela ne tienne, «les chiens aboient, la caravane passe», s’est-on dit dans le camp du consensus, sûr d’avoir une mainmise certaine sur la population électorale, les «vrais  acteurs du foot», les «décideurs», pas «ceux qui vocifèrent dans les réseaux sociaux» ou les «acteurs occasionnels qui ne vont jamais au stade voir un match de foot» pour caricaturer notamment les membres du CODEFS (Comité de défense du football sénégalais), ceux-là qui avaient saisi la FIFA d’une missive pour dénoncer l’ingérence de l’État dans le processus électoral et que les services de Gianni Infantino avaient quasiment brocardés dans leur réponse les qualifiant de «prétendu comité».

Manko wuti ndamli, le cri de guerre du consensus

L’on n’avait pas besoin d’avoir un don divinatoire pour savoir que, dans ces renouvellements des différentes instances, la seule élection qui aurait eu un semblant de suspense était celle qui pouvait opposer Mouhamed Djibril Wade et Babacar Ndiaye (qui a finalement retiré sa candidature) pour le poste de président de la LSFP. Pour le reste, tous les observateurs savaient que les jeux étaient faits d’avance : Abdoulaye Sow et Augustin Senghor allaient remporter, les doigts dans le nez, les élections à la LFA et à la FSF. À présent, les deux vrais hommes forts du football sénégalais (en dépit de tout le respect dû au rang de n°2 de Djibril Wade dans la nomenclature) vont devoir faire face aux attentes des footeux sénégalais.

Augustin Senghor dévoile son programme «Sénégal Manko Wuti Ndamli» »

La principale de ces attentes n’est rien moins que la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Et les théoriciens du consensus semblent l’avoir bien perçu. Au point de donner l’appellation Manko wuti ndamli à leur équipe qui a triomphalement porté Me Augustin Senghor à la tête de la FSF pour un quatrième mandat. Ce qui équivaut, soit dit en passant, à un record absolu de longévité pour un président de la faîtière du football national depuis sa création à l’aube de l’indépendance du pays. Littéralement, cette expression signifie «Ensemble, aller chercher la victoire». Et sonne comme un cri de guerre en direction de cette bataille que le Sénégal a toujours perdue : la conquête de la CAN.

Est-ce être un oiseau de mauvais augure que de se projeter sur les conséquences d’un échec dans l’opération Manko wuti ndamli ? Une partie des Sénégalais (dont certains le sont d’adoption) a-t-elle le monopole de l’amour de la patrie au point de penser qu’il y a une frange de leurs compatriotes qui souhaitent que l’équipe nationale échoue dans sa perpétuelle quête du Graal continental ? Quelle ineptie !!! En dépit des frustrations et de l’humiliation (pas un seul stade homologué par la FIFA là où la Mauritanie, pays émergent du foot, en dispose de deux), les Sénégalais, amoureux du ballon rond devant l’Éternel, adorent leurs Lions. Et leur souhaitent plein succès au Cameroun. Mais un échec sera à la hauteur des espoirs. Et ceux qui en feront les frais sont naturellement ceux qui tiennent les rênes du football depuis 14 ans sans discontinuité. C’est ça la réalité. Ne pas la percevoir, c’est vivre dans sa bulle. Loin du pouls populaire.

Hubert MBENGUE

Dirpub quotidien Record

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